Quelle heure pouvait-il bien être ? Naïry sentait que l'aube d'un jour nouveau approchait... Elle pouvait presque entendre la forêt se réveiller en douceur et apercevoir les tentacules d'un bleu plus clair zébrer le ciel. Comme toujours, elle sentit la déception pointer son bout du nez, l'envahissant sans prévenir. Elle détestait quand le soleil prenait la place de la lune et que le jour virait la nuit... Si ça ne tenait qu'à elle, elle empêcherait l'astre solaire de se lever ! Seulement, elle n'était pas Hélios ou Phaeton et ne contrôlait donc pas le soleil. Souvent, elle était déçue de ne pas pouvoir profiter un peu plus de cette invisibilité et de ce silence que lui procurait la douce nuit avec ses longs lambeaux étoilés... Aujourd'hui, cette déception était toute autre ! Qui dit jour, dit "pouf !" plus d'Adam ! Naïry aurait aimé pouvoir encore rester avec lui. Elle sentait que s'ils se séparaient maintenant, cette nuit de complicité et d'échange deviendrait un doux rêve... Qu'en se réveillant, elle comprendrait qu'elle n'avait qu'imaginé cet instant magique et fort en émotions... L'elfe ne voulait qu'une seule chose à l'instant présent : rester près de lui. Rester de peur, qu'en partant, tout s'effondre.

Naïry s'était laissée entrainer par ses pensées... Elle cilla plusieurs fois des yeux, de sorte de prêter attention à Adam, et non plus à ses songes. Il semblait réellement ravi du cadeau ! Il inspecta sous toutes les coutures, le poignard, avec un grand soin. Comme s'il avait peur de l’abîmer... Elle sourit sous les yeux ébahis du vampire. Il semblait plongé dans un tourbillon de souvenirs... Ses yeux regardaient le cadeau mais sans le voir réellement. Toutefois, une chose était certaine : Adam en était béa d'admiration au point de laisser le silence s'installer. Silence qu'il brisa de sa voix douce...

- Nous n'avons pas à proprement parler de coutume. Chacun est libre de faire comme il le désire. En tout cas, personnellement, je trouve ça magnifique de nommer une lame. C'est en quelque sorte une façon de se sentir soutenu par un ami, le fait qu'une arme ait un nom...

Naïry resta perplexe tout de même, malgré sa réponse. Nommer une épée ? C'était une coutume particulière... Encore, qu'on nomme un cheval c'était logique puisqu'il restait un être vivant. Mais une épée ou une arme ?!! Mouais, étrange... Elle s'esclaffa devant l'étonnement de son ami.

- Oui, je l'ai même utilisée plus d'une fois. Elle est solide ! De ce que j'en sais, elle est née d'une pierre inconnue que les elfes ont trouvé...

Les elfes et pas "mon peuple". Naïry, même sans le faire exprès, se désignait à part de son peuple... C'était à la fois étrange pour quelqu'un d'extérieur, mais naturel pour quelqu'un qui commençait à connaitre la jeune femme. Naîry se garda de dire d'où elle tenait une telle arme. Sans doute parce qu'au fond, elle sentait qu'Adam le prendrait peu-être mal... Elle sourit en voyant la maladresse du jeune homme. Comme quoi, même les vampires (êtres parfaits) avaient des faiblesses comme tout le monde ! Bon, elle aurait du pain sur la planche pour lui apprendre la maniement des épées... Mais elle sentait déjà que ça allait être amusant et enrichissant !

- Edelweiss... La jeune elfe fit rouler le mot sur ses lèvres, se délectant de son harmonie particulière. Oui, c'est parfait...

Naïry était émue qu'il ait donné ce nom à ce poignard. Elle connaissait cette petite fleur qui se nommait ainsi... Signe d'amour mais également d'amitié. Oui, c'était exactement parfait !

- Oh, il n'y a pas de quoi. Tu sais, ça me fait plaisir de te faire plaisir donc voilà... Naïry lui rendit son sourire complice. Et puis, t'inquiète, on commencera bien assez tôt ton apprentissage et crois-moi, tu voudras arrêter alors qu'on n'aura même pas encore commencé !

L'elfe se mit à rire en songeant déjà à ce qu'elle allait lui enseigner... Oh oui, il allait en baver ! Et certainement bien plus que ce qu'il pensait !! S'il savait... Naîry réprima un fou rire, ses yeux pétillants. Elle avait retrouvé ses forces, du moins suffisamment pour retrouver des couleurs.

- Bon, faut juste que je te trouve une épée...

Naïry se leva souplement, le regard décidé. Elle s'approcha d'Adam avec une pointe d'hésitation. Le sang semblait lui faire des effets... Peut-être qu'en s'approchant trop, l'elfe allait activer la soif du vampire. Et c'était risqué, très risqué... Cependant, elle fit confiance en son intuition : Adam ne lui ferait rien !
Elle le regarda avec un sourire avenant, et lui prit la main. Là, elle l'aida à se relever toujours souriante et confiante.
Devant l'air intrigué du vampire, elle lui expliqua :

- C'est pour l'épée... Si t'en veux une à ta taille.

Elle avait dans l'idée de voir sa taille et son poids ainsi que la mensuration de sa main par rapport à elle. Comme ça, lorsqu'elle sera chez le forgeron, ce sera plus simple pour créer une merveille !

Oui, c'est exactement ça : se sentir soutenu par un ami à travers la lame. Faire que ce simple objet devienne votre compagnon, en le nommant tous simplement. Il hocha une nouvelle fois la tête quand elle lui dit sa solidité, à son ton de voix il se fit la réflexion qu'elle avait du essayé de l'abimer juste pour tester sa résistance. Venant d'elle, cela ne l'étonnerait pas ! Il s'amusa de l'idée tout en continuant à tourner dans tous les sens Edelweiss. L'évocation de son peuple par « Elfe » ne choqua pas l'ami, qui avait bien accepté qu'elle fasse partie de ce peuple sans vraiment y appartenir. Un être libre dans cette société, qui y entre et en ressort sans faire de vague.
Alors que Naïry se disait qu'elle allait avoir du mal avec Adam, s'amusant de cette éventualité, le vampire s'imaginait la battre aisément en duel. Grossière erreur, si Adam peut être extrêmement patient et méticuleux, son orgueil n'acceptera pas aussi aisément qu'une femme soit meilleur que lui. Sans compter que, de tous les habitants de l'île, il est certainement l'un des plus soupe au lait. Les entrainements allaient être laborieux, mais il finira par progresser... Lentement, mais surement. Bien entendu, jamais Adam n'attendra le niveau de son amie ou d'un soldat, mais ce sera bien assez pour se protéger. Elle avait le regard pétillant et malicieux : que lui réserve-t-elle ? Elle va le faire souffrir, ça oui ! Il lui rendit son regard complice et d'une voix malicieuse lui dit :

_ Tu parles, c'est toi qui ne saura pas tenir ma cadence.

C'est alors qu'elle s'approcha de lui pour prendre ses mesures. Tiens, une nouvelle faille dans son savoir : il avait toujours vu les chevaliers avec des épées, mais jamais il n'avait supposé qu'elle étaient faites sur mesure. Docilement il se releva et, comme pour la confection d'un vêtement, il écarta un peu les bras. La proximité de l'elfe était déroutante, il sentait son odeur alléchante jusque la protéger par le vent soufflant sur l'île. Les effluves de ses cheveux renfermaient un goût de bois, de sève, des plus attrayants. Sa peau si proche, douce quand elle le toucha pour prendre les mesures, fit frissonner Adam qui traduisit le simple toucher par une envie de croquer cette douceur. Naïry n'était plus qu'une proie, une femme délicate et douce; son odeur évoquait celle d'une nymphe des bois où, sous le bois et la sève, il sentait une odeur de fleur. Elle se rapprocha, il perçu une trace de sueur musquée et de terre fraiche. Sa voix devint enchanteresse, envoutante. Comme celle d'une sirène, chaque intonation était une invitation à la désirer.
Il veut la dévorer. Planter ses crocs dans sa nuque et aspirer cette vie si désirable. Il doit la dévorer, laisser filer pareil fleur serait un crime. Dans un effort il releva la tête vers le ciel noir pour sortir de son champ de vision son amie. Dépêche toi. Dépêche toi. Comme voulant le tenter, ses oreilles perçurent les battements du cœur de Naïry. Boum. Boum. Ses yeux rouges roulèrent pour apercevoir le haut de tête de son amie. Tout le corps d'Adam, chaque sens, lui transmettaient des information sur l'elfe qui attisait son désir : en bonne santé. Appétissant. Facile à avoir. Sa main droite se leva malgré lui, effleurant le dos de son amie. Rapidement, à temps, Adam repoussa cette main qui répondait au désir inconscient de la dévorer. Se rendait-elle compte qu'il était crispé ? Qu'il tendait toute sa volonté pour ne pas bouger ? Quand enfin elle s'éloigna de lui, Adam relâcha d'un souffle la pression qui s'était accumulé pendant la courte prise de mesure. Il ferma les yeux et referma ses bras sur son torse.

_ Ça te va ? Dit-il après un silence dans un murmure en passant ses deux mains sur son visage. Si oui je propose qu'on retourne à la forêt, je te raccompagne. Je... je ne veux pas te quitter, sache-le. Mais ce sera plus prudent je pense. Ce n'est pas contre toi, mais ta présence devient vraiment difficile à supporter.

Désire la. Tu as senti quand elle s'est approchée combien sa peau est fine, sa chaire tendre. Tu sais combien son odeur est alléchante, va ! Sent ! Voilà, c'est ainsi qu'un prédateur agit : il renifle sa proie pour ne pas en perdre une miette. Désire la et dévore la. Ôte lui la vie, non transforme la. Aspire assez pour te repaitre, puis arrête toi et laisse la entrer dans la douceur de la nuit. Elle aimera la vie de vampire et l'absence de soleil ne sera qu'un maigre prix à payer... Un tout petit prix car tu seras là pour elle. Allez ! Tu en meurs d'envie ! Mords la !

_ Je crois que je ne vais dormir ici cette nuit, c'est un peu trop ensanglanté, reprit Adam en une tentative vaine de faire de l'humour. On rentre ?

Il enleva enfin ses mains de son visage pâle. Ses yeux rouges paraissaient plus vif qu'à l'ordinaire, sa voix plus envoutante. Même ses gestes anodins, comme indiquer de sa main nonchalamment la berge, paraissaient emplis de grâce. Quand il détourna son regard de son amie, ses cheveux fins voltèrent un instant dans l'air comme dotés de vie avant de délicatement se reposer le long de sa tête parfaite. Tout en Adam n'était que séduction, beauté suggéré. Tu vois, tu ne peux pas t'en empêcher : c'est l'appel de la soif, du sang. Le piège qu'est ta personne va se refermer sur elle... Se faisant violence, il se détourna d'elle et planta son regard dans l'eau qui léchait le bas du chemin, attendant qu'elle acquiesce à sa suggestion et reprenne le chemin du retour.

Quand Adam lui lança une boutade, Naïry leva les yeux au ciel, un air malicieux flottant sur ses lèvres. Elle n'y répondit pas mais rien qu'à son expression, elle n'en pensait pas moins ! Néanmoins, malgré le fait qu'elle soit plutôt bonne escrimeuse (sans trop se vanter), l'elfe se posait de multiples questions... Dont l'une, de plus loin la plus importante : lequel, entre un vampire et un elfe, bat l'autre en combat loyal ?
C'était une très bonne question qui allait bientôt être élucidée ! Même si Naïry était certaine qu'Adam allait la mettre KO en moins de temps qu'il ne faut pour le dire !...
Mais, connaissant l'elfe, vous devinerez qu'elle n'a qu'une seule envie : se confronter coûte que coûte !

Tout en remuant ces questions, Naïry commença à mesurer Adam. Et le bras, et la main, et la taille... L'elfe "voletait" autour du vampire, l'inspectant minutieusement et d'un œil aguerri son ami.
Est-ce qu'elle sentit Adam se crisper ? Non, pas le moins du monde. Elle était trop en train de s'émerveiller de la beauté de son ami qu'elle ne sentit même pas la main d'Adam lui effleurer le dos ! Futile petite proie, insignifiante et bien téméraire... L'elfe, pourtant, connaissait les risques. Avant de lui prendre la main afin de prendre ses mensurations, Naïry avait réfléchit à l'hypothèse que le vampire prenne le dessus sur l'homme. Sauf qu'elle avait, bien évidemment - vous l'aurez imaginé ! - balayé d'un coup de vent cette simple hypothèse complétement absurde !... Logique, non ?
Mais comment penser cela de lui surtout quand on avait pareille beauté devant soi ?!!! Tout en Adam était magique et enivrant. Sans doute une part de l'aura du vampire en était à l'origine, mais Naïry sentait que même humain, il aurait été tout autant attirant ! Si ce n'était sa beauté, son charisme prendrait le dessus !

Naïry recula doucement et scruta le beau et mystérieux visage d'Adam. Elle inclina légèrement sa tête sur le côté se demandant à quoi il pensait, là maintenant. En effet, sa posture trahissait une certaine crispation et retenue tandis que ses yeux, rouges sangs, étaient emplis de tendresse. Et sa voix, elle, était chargée de tristesse... Enfin ténue par autre chose... Un "je-ne-sais-quoi" impossible à nommer.

Petite elfe... Si seulement tu savais ! Tu étais à deux doigts - ou deux crocs, c'est selon - de mourir ou de devenir une créature de la nuit. Qu'est-ce que tu peux être imprudente et bien naïve !!! Faut-il qu'il te tue pour qu'enfin tu t'éloignes de lui ? Certes, tu aimerais voir le monde comme il le voit... Mais sais-tu vraiment ce que c'est qu'être vampire ? Plus de soleil... Plus d'eau... Du sang et la nuit comme éternité ! Avoue que si tu le savais - et tu le sais tout au fond de toi - ça ne te plairais pas ! Enfin... Une partie de toi serait emplie de tristesse et de mélancolie. Elle en voudrait à cet homme qui se trouve devant toi cette nuit, devant cet homme que tu apprécies énormément alors qu'un tel lien ne devrait exister... Et puis, cette autre partie de toi qui s'extasierait devant les trésors et les merveilles qu'offrent la vie éternelle !...
Petite elfe, ne perd pas de vue tes rêves...

- Oui, rentrons !

Répondit-elle plus à elle-même qu'à lui. Elle n'avait pas cessé de le regarder... Il semblait las et fatigué. A croire que cette nuit avait été terriblement éprouvante ! Certes, il y avait ce petit combat... Mais rien de bien spectaculaire non plus ! Mais, Naïry, grâce à Adam, comprit que la soif du vampire se réveillait. Homme la plupart du temps, il n'en restait pas moins un prédateur assoiffé de sang frais et chaud. Et elle, aussi charmante soit-elle, la proie !
Naïry se passa les doigts dans sa chevelure tout en réprimant une grimace. Non, ça ne la tentait pas trop d'être au menu du soir !!!

Même si elle se surprit à penser qu'elle aimerait bien juste pour faire plaisir à Adam... Naïry poussa un soupire tout en remuant sa tête de droite à gauche. Se rafraichir les idées et de toute urgence !!! Elle se dirigea avec vivacité vers l'eau qui séparait cet endroit secret - jardin secret de son ami - et l'île. Là, elle s'agenouilla et récupéra de l'eau dans ses mains qu'elle positionna comme un bol. Puis, elle s'humecta le visage. Une fois fait, elle se releva avec souplesse, se tourna vers Adam et lui demanda :

- En fait, tu dors où le jour ?

Au lieu de la question initiale : "on y va ?"...

Il était grand temps qu'ils rentrent chacun chez eux, grand temps qu'elle s'éloigne de lui. Elle descendait le chemin de son pas léger, avant de s'accroupir pour s'humecter le visage avec de l'eau fraiche qui ravit son teint, lui donnant un éclat plus lumineux sous la lune. Les petites gouttes d'eau semblaient faire briller sa peau. Il l'admira quand elle se releva pour lui poser innocemment une question qui relançait la conversation, qui repoussait l'instant du départ. Ne voulait-elle donc pas partir ? Pourquoi s'accrochait t-elle ? Ne sentait-elle pas combien il lui était difficile de se contenir, combien il désirait la faire entrer dans son monde à jamais ? La priver de soleil pour profiter de la clarté lunaire sur son teint devenu pâle, de sa fougue décuplée... aurait-elle le même caractère ?

- J'ai dormi ici avec Sélenna, dans la tour mais ordinairement j'ai une maisonnette au cœur de la forêt d'Eryn que j'ai construit. Je dois être un peu suicidaire, un coup de vent et hop ma toiture en bois m'embroche ! Fiouh, adieu Adam ! Il avait parlé en riant, avec le sourire et l'air faussement sérieux il avait enchainé : J'espère que je ne t'ai pas donné une idée.

Il restait à bonne distance de l'eau, même si aucune vague ne risquait de lui lécher les pieds; il n'aimait pas être à proximité du liquide bleuté. La simple idée de se tenir au bord, avec le risque qu'une gouttelette le brule, lui donnait des sueurs froides. Au moins cela avait-il le mérite de calmer sa soif, focalisé sur l'eau il ressentait moins l'odeur de Naïry.

- Et toi ? Poursuivit-il avant de regarder de nouveau l'eau, après un rapide coup d'œil sur sa nuque. Elle ne veut pas partir... Il la regarde et attend qu'elle marche dans l'eau, qu'elle y entre pour se mettre hors d'atteinte. Il attend mais sa patience atteint ses limites. Sa main effleure le pommeau d'Edelweiss, l'entoure, s'enroule autour jusqu'à parfaitement sentir la froideur de l'acier. Son esprit perfide émet une idée, elle s'emballe et malgré lui sort de sa bouche envoutante :

- J'aimerais bien vérifier que tu es bonne professeur, en garde Mademoiselle Lwing ! Sauf si tu as peur....

Il la regardait avec son air taquin, ses yeux pétillaient de malice. Il jouait avec le feu, il le sentait, mais il se dit que ce n'est qu'un duel sans danger.... La petite voix qui lui sert de conscience lui crie de reprendre ses mots mais la soif l'emporte et Adam tire la longue dague jusqu'à la relever devant lui, à plat devant son visage. Il l'a touche une fois, son sang coule et s'en est finit d'elle... Non je peux me contenir ! Je peux résister à son sang ! … J'ai envie de voir si je peux lui résister. C'est extrêmement pervers Adam ce que tu te dis là, tu désire savoir si tu vas craquer ou non; tu veux pousser tes limites au maximum et quoi de plus excitant que de mettre en jeu la vie de ton amie ? De ta nouvelle et unique amie ? Pour justifier cette lubie née de ta soif naissante tu te dis que tu n'as plus rien à perdre ce soir, que ta femme est morte, que si tu perds tu t'abandonneras à une vie sanglante alors que si tu gagnes, tu sauras parfaitement te maitriser...Tu as tout à y gagner dans ce duel, alors provoque la !


S'il te plait... fit Adam d'une petite voix suppliante auquel il ajouta une moue irrésistible évoquant un louveteau implorant.

Pauvre idiot.
Le soleil va bientôt se lever, il risque de se faire cramer sur place : transformé en cendre l'Adam ! Mais il s'en moque. Il est à deux doigt de la transformer juste pour voir, il a l'odeur du sang dans les narines, mais ce n'est rien à côté d'un duel amusant ! Pauvre fou.

Il répondit avec entrain. Avec cet air si espiègle qui n'appartenait
qu'à lui. Toujours en train de rire... La jeune elfe s'émerveillait de
ce trait de caractère d'Adam. Pourtant, quelques secondes auparavant, il
semblait si sérieux et si concentré... Si fatigué et las... Loin de cet
Adam rieur et blagueur qui se tenait face à elle. Ainsi il avait une
maison... Qui apparemment méritait quelques travaux ! Quand Adam lui
lança une boutade, Naïry prit un air faussement indigné et y répondit
derechef :

- Comme si je n'ai qu'un objectif dans ma vie : te tuer !
Elle le regarda sans ciller, la mine boudeuse comme une gamine de cinq
ans. Elle resta sérieuse le temps de trois seconde. Son visage se fendit
par un grand sourire malicieux et ses yeux pétillèrent. Je viendrais te construire un toit digne de ce nom ! Après quelques secondes de réflexion elle ajouta : enfin, je te dirais quoi faire...

Adam restait éloigné de la source d'eau, loin de l'elfe. Naïry constata
que quelque chose faisait "peur" à ce dernier. Mais quoi ? Cette
question s'estompa tandis qu'elle répondait à la question de son ami.

- Oh... Par-ci, par-là. Au village on me regarde bizarrement alors je
reste jamais bien longtemps parmi mon peuple. Disons que les arbres et
leurs branches sont mes amies !

Naïry lança un clin d’œil à Adam. Un de ces jours, elle lui montrerait
cette vue qu'elle a de Revia et de la mer... Elle lui montrera où elle
se terre quand elle se sent étrangère. Une de ces nuits...
Avant même qu'elle pu esquisser un geste, Adam lui lança un défi. Il voulait croiser le fer avec elle, maintenant.

Non, petite elfe, refuse ce duel... Il y a gros à risquer... Quoi ? Ta
vie. Ne sens-tu pas cette chaleur qui envahit l'air ? C'est la chaleur
du feu avec lequel tu joues... Tu vas te brûler petite elfe. Une seule
coupure, une seule goutte de sang et c'en est fini... Fini ! Plus de
Naïry !!!... Prends garde et réfléchi bien !
Conseil...

Sauf que voilà, il faut dire ce qui est : Naïry n'a qu'une seule envie !
Et ce désire est de savoir qui d'elle ou d'Adam gagnera...
Alors, au lieu d'écouter sa raison, comme souvent Naïry se laissa entrainer par ses sentiments. Un grand sourire illumina son visage tandis que son adversaire futur la suppliait de dire "oui" avec cette voix si charmante et si envoutante. Comment résister ?... Certes, la jeune elfe avait déjà fait son choix mais admettons qu'elle ne l'ait pas encore fait. Là, avec cet Adam devant elle et ce regard insistant, elle n'aurait pas pu dire autre chose que "oui"...
En effet - vous l'aurez compris - inconsciemment, sa conscience essaie de la déculpabiliser suivant ce que peut engendrer pareil duel...
Un sourire amusé se dessina sur son visage, ses yeux pétillaient de malice tandis que ses muscles se contractaient à l'idée d'un combat proche.

- ES-tu sûr, Adam Fintz de vouloir te mesurer à moi ? Très bien, alors en garde !!!

Naïry sortit ses deux poignards. Elle n'avait pas de dagues suffisamment élancées pour rivaliser avec Edelweiss, aussi sortit-elle les deux poignards qu'elle venait quelques instant auparavant d'essuyer et de ranger.
Un pied devant, l'autre derrière. Jambes écartées. Tête relevée. Yeux vrillaient sur Adam. un bras devant, avant-bras tournés vers le sol, poignard dans la main. Un bras vertical à son corps, poignard vers le sol. Jambes fléchies, légèrement tendues. Tout son corps était sous tension, près à s'élancer au moindre geste de son adversaire. Il n'était pas question de blesser, mais de s'amuser. Toutefois, Naïry ne jouait pas. Elle savait une morsure d'une lame qui se trouvait en ces lieux serait fatal... Une goutte de sang, et c’en était fini !
Protéger les lames aurait été une bonne idée si Naïry ne devait pas utiliser la magie... Elle était encore faible et l'utilisation de son don pouvait la ralentir et lui faire faire des fautes - comment dire ? - mortelles.
Utiliser des bouts de bois auraient aussi été une idée valable... Enfin, si on oubliait une tout petit détail très insignifiant et sans la moindre importance ! Adam pouvait en mourir ! Un bout de bois dans le ventre revenait à lui planter un pieu, non ? Donc, cette idée était a refuser ! "Objection !" lui avait lancé son esprit rien qu'à cette idée...

Il ne restait donc plus que la lame. Fer contre fer... Le combat allait être intéressant !